Le châteaubriant, enfin…

8 Oct

L’ambiance : Trois longues années que j’attends de tester ce temple des foodies, ce sanctuaire des fines gueules… et alors qu’on se présente au second service vendredi soir dernier, j’ai un frison : ça y est, on y est, je vais goûter la cuisine du Père spirituel de toute une génération de chefs jeunes, cools, branchés (à la limite de la dénomation hispter) qui a élu le produit roi de la cuisine et qui a dépoussiéré la (vieille) tradition du restaurant français. La nouvelle gastronomie « naturiste » c’est eux ! Et une question : que va-t-il se passer après ?! (une partie de la réponse réside dans cette liste : Septime et Bertrand Grébaut, Abri et Katsuaki Okiyama, Saturne et Sven Chartier…)

Mais ne soyons pas trop pressé, s’asseoir à une des tables de bistrot du Châteaubriant, ça se mérite : soit tu as réservé 15 jours pilepoil avant, soit comme moi, tu as un amoureux qui n’est pas organisé et qui t’y emmène au deuxième service. Alors, à 21h30 on écrit ton nom sur un papier et on te dit qu’il y en a pour 1 heure. Disciplinée, tu vas boire un verre à Le cave juste à côté, la cave de vins naturels d’Aizpitarte, tu en reprends même 2 autres verres puisqu’on finit par t’installer à 23h15 ! Mais qu’importe… tu as un trou dans l’estomac et un de tes rêves de gastronome est sur le point de se réaliser !

Côté déco, le Châteaubriant a un look de bistrot légérement rock’n’rollisé ! Pas de nappe, pas de chichi, de la lumière (on peut voir ce qu’il y a dans l’assiette, chouette !), un tableau noir, deux serviettes, des couverts, deux verres sur chaque table et des grands serveurs en chemise blanche, jeans et long tablier noir…

 

On y va pour ? Vivre le menu imposé et expérientielle de l’enfant terrible de la gastronomie française, Inaki Aizpitarte. Le menu unique est un format A4 que le serveur te donne au début (ou à la fin) du repas, il est spontané, imprévisible et se modifie chaque jour en fonction des produits fournis et des envies du chef ! Le dîner commence par 4 amuses bouches à partager : des crevettes frites saupoudrées de tamarin, un gaspacho de tomate et des graines de café, un jus de ceviche à boire comme un shot et des pétoncles avec un pesto d’algues… Ensuite ? Un rouget qui fait du gringe à une mousse de foie de volaille & rouget assaisonnée au poil, des framboises roulées dans du tandoori, le tout caché sous des feuilles de chou rouge croquantes ; Une lotte et des haricots coco agrémentée d’un jus démentiel fumé grâce au hareng, noir grâce à l’encre de seiche… un délice pour les yeux et les papilles. Arrive la pintade à la cuisson légèrement rosée, une merveille ! Elle est saupoudrée de maïs, d’haricots beurre et de féta tout simplement. Viennent ensuite les desserts ensembles (ou quasi) : une glace au sureau et son lait ribot et la fameuse tocino de cielo réinventée (on en dit pas plus pour garder la surprise)… Une cuisine sans faute, inventive, ingénieuse, maligne… quasi jusqu’au-boutiste dans la justesse du traitement du produit-roi ! On y reviendra !

Rouget et chou rouge par Inaki Aizpitarte

Rouget et chou rouge par Inaki Aizpitarte

 

La lotte / haricots coco de La Pintade rosée de Inaki Aizpitarte

La lotte / haricots coco de La Pintade rosée de Inaki Aizpitarte


Le couteau Perceval 9.47 du Châteaubriant

Le couteau Perceval 9.47 du Châteaubriant

La Pintade rosée de Inaki Aizpitarte

La Pintade rosée de Inaki Aizpitarte

 

Le bonus : Le menu accord mets & vins avec des pépites de vins naturels et un impertinent saké pétillant !

Les serveurs, plus sympas les uns que les autres : souriants, ne rechignant pas à passer de leur précieux temps à t’expliquer tel ou tel plat, tel ou tel vin… ( et qu’est-ce qu’ils sont élégants dans leur « uniforme » cool !)

L’ambiance fin de service, certes on a attendu 23h30 pour dîner, mais le jeu en vaut la chandelle : le resto qui se vide, Inaki (grand, fort, sec…) qui sort de sa cuisine avec d’autres de ses acolytes, le chef de salle qui s’assoit à côté pour t’expliquer comment est préparée la Tocino de cielo ou pour te dire qu’il y a un cota de table pour les touristes et un autre pour les Parisiens (une bonne raison d’être parisien !)…

 

Le point noir : Nul.

 

Le prix : Clément pour la qualité du menu déroulé : 65€ sans les vins, 130€ avec.

 

Où : Le Châteaubriant, 129, av. Parmentier, Paris 11e

2 Réponses to “Le châteaubriant, enfin…”

  1. adrienfoodinparis 13 juin 2015 à 8:36 #

    Je n’ai jamais eu ce courage là, pourtant je sais qu’il faudrait un jour… Bel article.

    • agitetespapilles 15 juillet 2015 à 9:09 #

      Merci Adrien ! L’attente en vaut la chandelle, trouve le courage un jour (ou réserve !)!

Laisser un commentaire